Laurent Fignon n'a jamais été malade de sa carrière. Ah si, il a eu «le ver solitaire» un soir à l'hôtel sur le Tour de France. Oui, mais un ver digne d'un double vainqueur du Tour : «Deux mètres ! Je croyais que j'avais perdu mes boyaux. J'ai tiré dessus, mais il a cassé», se désole-t-il dans Nous étions jeunes et insouciants qui sort aujourd'hui, un livre tout à fait étonnant dans lequel le double vainqueur du Tour 1983-1984 et du Giro 1989 ne cache rien de sa vie de champion, des mœurs de l'époque, et aussi de ses propres faiblesses. Jamais malade, sauf depuis deux mois. Un cancer des voies digestives a été diagnostiqué : «Je sais que la mort peut être là. Mais pour moi il n'y pas de rapport entre dopage et maladie. Je mettrais ça sur le compte d'un manque d'hygiène alimentaire : j'ai toujours mangé n'importe comment…Je n'ai pas fondu en larmes en l'apprenant. Maintenant, je vais me battre comme je l'ai toujours fait sur le vélo.»
Laurent Fignon, «père de grands enfants», a appris sa maladie une fois le livre achevé. Il y a d'ailleurs un court passage sur la maladie de Lance Armstrong : «Il est alors à Paris déjà en soins et repart le lendemain pour les Etats-Unis. Son équipe [Cofidis] l'a laissé tomber. Il est seul avec sa valise. Avec mon épouse et mon mauvais anglais, je l'invite à dîner. Il me dit oui de suite. On ne parle pas beaucoup. Ça me faisait mal de le voir abandonné. Quand je l'ai vu, c'est un mort que