Il y a, chez Ivo Karlovic un côté bête de foire, freak ou grosse brutasse de série Z qu'il ne fait pas grand-chose pour gommer. Le Croate bégayant culmine à 2,08 m et se déplace sur un terrain de tennis avec la grâce d'un goéland mazouté. A Wimbledon, il fait quasiment l'objet d'un procès en sorcellerie et il semble promis au bûcher si, d'aventure, aujourd'hui en quart de finale, il défenestrait Roger Federer. L'immense faute du géant de Zagreb ? Il sert. Le plomb, la foudre, la mitraille. Comme une brute, un fou furieux, un psychopathe. L'honnêteté oblige à dire que Karlovic est aussi doté d'un coup droit missile, qu'il n'est pas complètement manche au filet et que cela compense un revers de pupille anorexique. Mais surtout, il sert. 622 aces depuis début 2009, soit près de 19 par match.
Ahurissant. A Wimbledon, il a accéléré la cadence pour atteindre la moyenne ahurissante de 34 par rencontre (32 au premier tour, 24 au deuxième, 46 au troisième contre Tsonga, 35 en huitième contre Verdasco). Et les stats afférentes suivent : Karlovic est le joueur qui a remporté le plus de points derrière sa première balle (84 %), a sauvé le plus de balles de break (72 %) et a le moins cédé sa mise en jeu (91 % de jeux de service gagné).
Grêle. «Ace» encore du tennis ? «Sans vouloir manquer de respect à quiconque, je dis non, a répondu Federer. Un jour j'ai perdu 7-6, 7-6 contre lui. Je n'avais commis que deux erreurs de tout le match.