Prévert l'affirmait, «Quand la morale fout le camp, le fric cavale derrière.» Cette maxime s'appliquerait-elle au foot-business ? A y regarder de près et considérant les 300 millions d'euros que le Real Madrid aura consacrés cette année à son recrutement, la question se pose.
La morale, d’abord. Acheter ou vendre un homme heurterait les consciences dans n’importe quel autre milieu que le sport professionnel. Imagine-t-on une entreprise vendre ses meilleurs cadres ? L’histoire est là pour nous rappeler que la valeur humaine ne doit pas être une valeur marchande. Le fric, ensuite. En ces temps de crise, acheter Ronaldo 94 millions est déjà choquant. Mais si cette transaction est réalisée par un club déjà fortement endetté, on peut conclure à une opération basée sur de la monnaie de singe. La référence au modèle économique qui a engendré la crise des subprimes vient donc à l’esprit. Deux vues antagonistes s’opposent en Europe sur l’endettement des clubs. En France, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) impose un équilibre budgétaire indépassable. Résultat : les clubs français de Ligue 1 ont dégagé un bénéfice en 2008. En Angleterre, en Italie et en Espagne, à l’inverse, il n’existe pas d’instance de régulation. L’endettement est alors abyssal.
Soyons clairs, nous ne cherchons pas ici à jouer les pourfendeurs du foot. Par contre, nous ne souhaitons pas qu’il se transforme en une économie de casino. Acheter à prix d’or les meilleurs joueurs crée une bulle sp