Alexis Argüello, le sandiniste dépressif
Il faut croire que la boxe ne fut qu’une parenthèse, à la fois glorieuse et douloureuse, dans la vie mouvementée du Nicaraguayen Alexis Argüello. Les amateurs du genre louent le palmarès du combattant de Managua qui fut champion du monde dans trois catégories différentes (poids plumes, super-plumes et légers) entre 1974 et 1983, soit une petite décennie, le temps de faire d’Argüello l’un des plus fameux boxeurs de l’histoire. Evoquant le style du Nicaraguayen, le célèbre chroniqueur Peter King écrivit d’ailleurs : «Regarder l’un de ses combats, c’est comme admirer le tableau d’un grand maître de la Renaissance, c’est riche en détails et en couleurs.» Il aurait pu ajouter : «En violence aussi.»
Lorsqu’il décide de quitter les rings avec l’intention de rejoindre le mouvement sandiniste de Daniel Ortega, dans les rangs duquel son jeune frère a trouvé la mort quelques années auparavant, Argüello laisse des pépites sanglantes derrière lui. A commencer par ses deux affrontements contre l’Américain Aaron Pryor. Deux combats sauvages, même si le résultat du premier - qui expédia Argüello à l’hôpital - fut sujet à caution à cause d’une petite fiole «miracle» aussi vite disparue qu’elle était apparue dans le coin de Pryor à la fin du douzième round. Quant au verdict du second, il fut sans appel et autorisa Argüello à brandir le panneau «Fin».
Il s’improvise alors organisateur de combats, puis manageur. Se fait plumer, s’imagine restaurateur, vante une marque de bière dans un spot télé.