Pas facile tous les jours, la vie de lanceur de poids. Samedi matin, Yves Niaré a poussé la porte du stade olympique de Berlin à l’heure où ses compagnons de voyage de l’équipe de France traînaient encore au petit déjeuner. Trente minutes et trois essais plus tard, dont deux mordus, ses championnats du monde avaient déjà pris place dans la malle aux souvenirs. Son meilleur jet : 19,37 m. A plus d’un mètre de son record de France (20,72 m). Accessoirement, une place de vingt-septième des qualifications. Cruelle matinée du 15 août.
Mais le gaillard ne recevra aucun blâme de l'encadrement français. Yves Niaré est papa depuis deux semaines. «Mon premier enfant, confie-t-il. Je n'ai pas l'habitude. C'est une nouvelle source de motivation, mais je suis crevé. Ces quinze derniers jours, je me suis levé toutes les deux heures.» Débarqué à Berlin la veille de son concours, pour «soulager jusqu'au dernier moment» sa compagne, il en est reparti dès le lendemain. «Cette année, pour moi l'événement était ailleurs», suggère-t-il en grattant sa barbe. Ses trois essais l'ont laissé sur sa faim. Tout juste moyens, presque médiocres. «J'avais l'impression d'être un kangourou. Je sautais sur mes appuis alors que j'aurais dû glisser dans le cercle.» A oublier, pour penser à la saison prochaine. «Mais je vais d'abord couper quatre ou cinq mois, pour profiter de ma petite fille», promet-il.
Sans-grade. A 11 ans, Yves Niaré impressionnait