Etrange clin d’œil de l’histoire. Hier, en toute fin de soirée, la Russe Yelena Isinbayeva a quitté par une porte de service la finale du saut à la perche, éliminée sans avoir pu franchir une seule barre. Au même moment, l’Ethiopien Kenenisa Bekele glissait sa fine silhouette sur la piste du stade de Berlin, au départ du 10 000 mètres. L’athlète russe a pêché par excès d’arrogance, débutant son concours à 4,75 m. Le coureur éthiopien a usé de patience, plaçant son attaque décisive dans le dernier des 25 tours. Yelena Isinbayeva a laissé le titre mondial à la Polonaise Anna Rogowska (4,75 m). Kenenisa Bekele a bouclé son affaire en 26’ 46’’ 31 et décroché sa quatrième médaille d’or consécutive sur 10 000 mètres aux championnats du monde.
Bâton. Une étoile a pâli. Une autre brille encore. A 27 ans, Kenenisa Bekele porte encore certaines traces de l'adolescence. Il parle tout bas, cherche souvent ses mots avant d'oser une réponse, attend patiemment son tour pour prendre la parole. Hier, après sa victoire, il s'est presque excusé : «Ce n'était pas ma meilleure course.» Dans l'équipe d'Ethiopie, où la moyenne d'âge atteint tout juste 22 ans, il tient aujourd'hui le bâton du doyen. «Je m'occupe un peu des plus jeunes», glisse-t-il timidement. A l'échauffement du 10 000 mètres, par exemple, il donnait le tempo des mouvements d'assouplissements et réglait l'allure du footing. Ses trois compagnons de route le suivaient comme la lumière d'un phare. Pl