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Maudit hermaphrodite ?

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Le doute plane après la victoire de l’athlète sud-africaine Caster Semenya dans le 800 mètres mercredi à Berlin. Dopage ? Non, mais des doutes sur son sexe. Des tests médicaux devront valider sa médaille d’or.
publié le 21 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 21 août 2009 à 6h51)

On n'oubliera pas la scène avant longtemps. Mercredi soir, dans la salle de l'Olympiastadion de Berlin, où se déroulent les conférences de presse des championnats du monde d'athlétisme. A l'heure où les reporters attendent en rangs serrés les trois médaillées du 800 mètres féminin, un homme entre le premier, suivi de deux athlètes, la Kényane Janeth Jepkosgei et l'Anglaise Jennifer Meadows, deuxième et troisième de la finale. L'homme est français : Pierre Weiss, sexagénaire moustachu à l'œil farceur, est secrétaire général de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Il prend place sur le siège réservé à la gagnante, la Sud-Africaine Caster Semenya. Et explique : «Vous attendiez la nouvelle championne du monde. Elle ne viendra pas. Nous avons décidé, d'un commun accord avec la fédération sud-africaine, qu'il était préférable de ne pas l'amener devant vous. Elle, ou il, est encore très jeune, seulement 18 ans. Et absolument pas préparée aux questions que vous lui auriez posées.»

Deux heures plus tôt, Caster Semenya avait assommé la concurrence en finale du 800 mètres. Seule au monde dans le dernier tour, elle avait avalé la dernière ligne droite sans donner l’impression d’accélérer, en creusant un trou béant entre elle et ses rivales. Meilleur chrono mondial de l’année en 1’55’’45 centièmes, plus de deux secondes d’avance sur Jepkosgei. Prodigieux.

Seul bémol, mais de taille : Semenya a tout d'un homme. Des épaules de leveur de fonte. Une voix virile. Un début