Il est jeune et sage à la fois, allie une fraîcheur d’enfant à la détermination de ceux qui, très tôt, ont appris à se connaître. Au départ, vendredi à Chamonix, en short noir, débardeur blanc et hautes chaussettes, il paraît frêle avec ses 1,71 m et 55 kg. A l’arrivée samedi, après 21 heures et 33 minutes de course, les traits sont tirés, la lassitude trop intense pour sourire. Il a souffert, durant la nuit, du froid, du blizzard et de la pluie glacée, mais ce qu’on voit, derrière la silhouette filiforme, c’est une extraordinaire résistance musculaire et une personnalité singulière : à 21 ans, l’Espagnol Kilian Jornet remporte, pour la deuxième année successive, l’ultratrail du Mont-Blanc (UTMB), une des courses natures les plus dures au monde : une boucle de 166 km autour du toit de l’Europe, 9 400 mètres de dénivelé positif, avec dix cols à plus de 2 000 mètres.
Expérience. L'an dernier, le Catalan avait surpris. Par son temps exceptionnel : 20 heures 56 minutes. Par sa jeunesse surtout, dans une course où la moyenne d'âge des participants est de 44 ans et où l'expérience est déterminante. Le seul avant lui à avoir gagné l'UTMB deux fois, l'Italien Marco Olmo, avait 58 et 59 ans lors de ses victoires.
«Mais Kilian est déjà "vieux" musculairement parlant, souligne Guillaume Millet, chercheur en physiologie du sport à l'université de Saint-Etienne. Et vu ses performances en ski alpinisme, il a un gros "moteur", une grande aptitude à consommer bea