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TRIBUNE

Le sport a-t-il un sexe ?

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par Annie Sugier et JULIAN JAPPERT, directeur du think tank Sport et citoyenneté.
publié le 31 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 31 août 2009 à 6h52)

Face aux prouesses de «Lightning Bolt», les médias et les athlètes se félicitent d'avoir pu assister de leur vivant à l'envol d'un pareil phénomène : «Celui qui a marqué à jamais l'athlétisme»,«Un ouragan»,«Un phénomène aux compas de géant emmenant un braquet jamais vu dans l'histoire de l'athlétisme»… Sous le titre «L'encombrant M. Bolt», l'Equipe note : «De Green à Bailey, de Pérec à Johnson, ils sont unanimes : l'extraterrestre n'a pas de rival.» Toute autre est la tonalité des réactions face aux performances de la Sud-Africaine Caster Semenya. Les commentaires passent très vite de l'admiration - elle a «assommé la concurrence» - à la suspicion : et si c'était un homme ? Sa voix, son corps, ses poils, tout y passe, y compris son style de course qui serait masculin. A l'exception notable de l'Anglaise Jennifer Meadows, l'une des dauphines de la jeune Sud-Africaine lors du 800 mètres, les autres concurrentes interviewées n'hésitent pas à alimenter les rumeurs. Ainsi, l'Italienne Elisa Cusma, sixième de la course, s'emporte avec virulence, déclarant : «On ne devrait pas laisser ce genre de personne courir avec nous.»

Bref, «l'invraisemblable gamine de 18 ans [qui] a plané, mercredi 19 août, sur la piste bleue des Mondiaux de Berlin», comme l'a décrite le Monde, sera donc soumise à des tests de féminité. Que peuvent signifier les tests de féminité auxquels va être soumise la jeune Sud-Africaine dè