Les Américains pensaient avoir enfin dégoté une nouvelle star. Ils ont hérité d'un maillon faible. Perdant magnifique de la finale de Wimbledon et arrivé à New York dans la peau du héros de toute une nation, Andy Roddick en est reparti dès le 3e tour sous les traits retrouvés du loser tout court. Celui qu'il était devenu aux yeux de ses compatriotes, le mec incapable de confirmer sa victoire à l'US Open en 2003, à 21 ans - son unique titre du Grand Chelem -, la victime préférée de Roger Federer.
«Sa défaite est une énorme déception», lâche Bud Collins, «le» monsieur tennis aux Etats-Unis.
C'est que l'engouement autour du numéro 1 américain avait été sans précédent. Sa prestation dans cette finale sublime de cruauté, perdue contre Federer 16-14 au terme du cinquième set le plus long de l'histoire du tournoi, avait projeté Roddick dans une autre dimension. Depuis son odyssée anglaise, pas un jour sans qu'on l'interpelle dans la rue ou chez le vendeur de donuts pour le remercier. Il avait été l'invité du fameux Late Show de David Letterman, avait donné le coup d'envoi d'un match des Yankees - l'équipe de base-ball new-yorkaise -, son facteur et sa boîte aux lettres avaient plié de concert chaque matin sous le poids des messages de soutien. «Andy était revenu dans toutes les conversations, confirme son ami, l'ex-joueur Justin Gimelstob. Avec cette finale à Wimbledon, il avait ramené l'espoir qu'il ne serait pas juste l'ho