RAMA YADE Secrétaire d'Etat chargée des Sports
En France, le corps et l'esprit n'ont jamais fait bon ménage, c'est la faute à la religion pensait François Mauriac. Alors, l'université a fermé ses portes au sport. Des exceptions ont tenté de renverser la tendance, comprenant que le sport a une encolure d'avance sur la société. En 1938, la victoire du boxeur afro-américain Joe Louis avait un sens que la société américaine n'a su voir, elle, qui, juste après l'exploit, envoya Louis servir dans une unité uniquement composée de Noirs. Le sport ou la locomotive de la démocratie, ajoutera-t-on. Et la géopolitique ne sait plus où donner de la tête : ce sont des noms de pays marginalisés à l'ONU qui tiennent le haut de l'affiche. «L'égalité devant le sport est vraiment la seule égalité», rappelait Jean Giroudoux. Niveleur de classes, disait Coubertin. Alors, oui, le sport peut former les citoyens. C'est même sa vocation première. Le sport permet même d'éviter la guerre. Jean Prat avait dit à propos d'un match à Twickenham : «Nous allons venger Jeanne d'Arc.» La victoire de Metz en Coupe de France en 1984 a été vécue comme une revanche sur les malheurs de la sidérurgie lorraine. Les ministres firent du ministère des Sports celui de l'éducation populaire. Les chiffres sont affolants : 16 millions de licenciés, 30 milliards d'euros de budget annuel, premier mouvement associatif de France. Quelle Eglise, quel syndicat, quel parti peut en dire autant ? Pa