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Karpov-Kasparov : retour aux cases

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Vingt-cinq ans après un championnat du monde d’échecs mythique, les deux Russes se retrouvent à Valence. Seul enjeu : la pub pour un sport orphelin de leur rivalité.
publié le 24 septembre 2009 à 0h00

La machine à remonter le temps existe, version subliminale. Grâce à elle, les échecs sortent - virtuellement ? - de leur cénacle confidentiel. Il suffit de coucher deux noms : Kasparov-Karpov. Et les voilà qui se matérialisent face à face, devant un échiquier. Cela se passe depuis mardi et jusqu'à aujourd'hui à Valence (Espagne), berceau des règles modernes du roi des jeux. La reine s'y émancipa au XVe, le fou s'y lâcha ; les rois du XXe y retournent. Et les mots «légendes», «culte», «épique», clignotent tels des néons à l'Apollo Theatre de Harlem, sur fond de culte du revival propre à une époque en crise. Le grand chapiteau des deux «K» est de retour, vingt-cinq ans après un premier clash, un des plus furieux combats pour la couronne de champion du monde. 1984 ? Magnéto. A l'époque, un futur Nobel de la paix (Mandela) croupit en taule, un cow-boy réactionnaire (Reagan) s'invite à la Maison Blanche, un fantôme orthodoxe (Tchernenko) habite au Kremlin. Apple lance son premier Mac, la télé française son Canal +, et Libé sa une «Vive la crise»… L'âge de pierre.

Il y a un quart de siècle, le match synthétisa la métaphore d’un empire chancelant sous les prémices de la perestroïka. Garry Kasparov, alors âgé de 21 ans, jeune loup «dissident» du système soviétique versus Anatoly Karpov, 33 ans, «apparatchik» d’un pouvoir promoteur de la suprématie intellectuelle du socialisme d’Etat. Garry le sudiste de Bakou, mi juif-mi Arménien, porté sur l’a