L'équipe de France a démonté (5-0) son homologue féringienne samedi à Guingamp. Elle devra pourtant aller chercher sa qualification pour le Mondial sud-africain lors des barrages de novembre. Et on retiendra de la semaine costarmoricaine des Bleus une scène magnifique : une bonne minute après avoir subi les foudres de son capitaine Thierry Henry pour excès d'individualisme, l'attaquant toulousain André-Pierre Gignac refuse le tir - c'est-à-dire le jeu, vu sa position - et pêche, ce coup-là, par excès d'altruisme (64e).
Tendresse. C'est que le football est un truc compliqué. Plus pour certains que pour d'autres. Pendant la demi-heure initiale du match du Roudourou, on a eu mal pour Gignac au point d'en éprouver une sorte de tendresse : manque de vitesse et surtout de compréhension du jeu, appels à contretemps, initiatives volontaires mais obtuses… Un petit naufrage, rendu plus évident - le contraste - par la touche (facilité technique, finesse, morgue) d'un Nicolas Anelka… et assez lourd au regard de la présence sur le banc de la superstar du Real Madrid Karim Benzema, considéré depuis ses 16 ans comme le futur du foot français et possible remplaçant de Gignac.
Qui a donc inscrit les deux premiers pions (les seuls importants), embrassant conséquemment tous les sociétaires du banc de touche pendant un temps infini et s'emberlificotant - la 64e minute - dans les équilibres sous l'œil bienveillant de ses coéquipiers, qui sont passés par là. P