Le cyclisme fabrique des mythes avec des jambes rasées. Puis les excès, la dope et la dépression nous les arrachent. Frank Vandenbroucke avait envahi la scène cycliste à la manière d'un ténor d'opéra : Paris-Nice en 1998, Liège-Bastogne-Liège en 1999. Mais tout était trop beau, trop incroyable et, pour tout dire, trop dingue. Puis le ténor est passé à travers le plancher vermoulu à partir de 2002. Chaque année il dégringolait d'un étage et c'est ainsi qu'il a fini dans la machinerie du sport, oublié, recroquevillé sur lui-même mais assez lucide pour contempler le considérable gâchis qu'il avait causé à lui-même et à ses proches. C'est au Sénégal, dans une chambre d'hôtel du bord de mer que son corps a été trouvé lundi. Comme Marco Pantani : hôtel, bord de mer. Comme si ces deux grands inadaptés s'étaient donné rendez-vous, à cinq ans d'écart, pour attendre une réponse qui ne viendrait jamais. On ne sait pas si VDB a mis fin à ses jours mais la presse flamande évoquait «un flacon d'insuline et des plaquettes de Stilnox» trouvés sur sa table de nuit.
Sa mort à 34 ans, c’est un peu une mort à la Marilyn Monroe car on savait tout de lui, VDB s’étant beaucoup déshabillé en public : frasques, ménage bancal, amours, passions dévorantes, ruptures, doses, surdoses, au point qu’on a pu perdre de vue qu’il fut un élégant coureur cycliste, un type doué, intelligent, mais tellement travaillé par la faute et rattrapé sans cesse par elle.
Démons. Son père, Jean-Jacq