19h00, mercredi soir, au stade Atatürk de Bursa (ouest de la Turquie). Les présidents turc et arménien doivent assister ensemble à un match de football entre les deux équipes nationales. L'enjeu sportif est nul (les adversaires sont déjà éliminés de la course au Mondial 2010), pas la portée symbolique.
Quatre jours après la signature d'accords de réconciliation, le rendez-vous entre les présidents Gül et Sarkisian constitue une nouvelle étape dans le rapprochement entrepris par Ankara et Erevan, opposées depuis près d'un siècle sur la question des massacres d'Arméniens sous l'empire ottoman (1915-1917), qui constituent un «génocide» pour l'Arménie, terme rejeté par la Turquie.
Immanquablement, le terme de «diplomatie du sport» ne manque pas de resurgir, avec ses exemples bien connus: la diplomatie du ping-pong dans les années 1970, qui ouvrit la voie à un renouveau des relations sino-américaines, ou encore la Coupe du monde de rugby 1995 en Afrique du Sud, qui permit de sceller l'union d'un pays - au moins de manière symbolique - après l'apartheid.
Souvent convoqué, le sport reste au mieux un «symbole», au pire un «prétexte», selon l'historien Paul Dietschy (1). «C'est un environnement géopolitique plus large qui a permis la diplomatie du ping-