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Libération

La reconversion «Un monde du paraître»

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René Girard entraîneur, 55 ans
par
publié le 17 octobre 2009 à 0h00

«Aimé Jacquet m'a fait rentrer à la Direction technique nationale (DTN) en 1998. Je venais d'assurer le maintien à Strasbourg, une mission de six mois, je pensais naïvement être reconduit mais bon… Jacquet m'a appelé. Il avait été mon coach à Bordeaux de 1980 à 1988 : lui avait commencé le foot comme footballeur ouvrier tandis que moi, à mes débuts, je cumulais avec le métier de carreleur. Mon passage à la DTN m'a cultivé. Déjà, en tant qu'adjoint de Roger Lemerre [sélectionneur national entre 1998 et 2002, ndlr], j'ai voyagé. Ensuite, j'ai beaucoup progressé. En club, tu gères le particulier, l'humain : le joueur qui a mis sa nana enceinte, celui qui ne dort plus… La DTN, c'est différent : la tactique, la construction d'un exercice, l'informatique… Quant aux joueurs, l'équipe de France et les clubs n'ont rien à voir. Chez les Bleus, si tes idées ne sont pas adaptées au groupe, tu l'oublies.

«Parfois, je cogitais. Je me demandais si j'étais fait pour entraîner dans un monde où la communication prend autant de place, un monde où un Raymond Domenech ou un Gérard Houllier [l'actuel directeur technique national] font tout sur le paraître et trompent leur monde indéfiniment. J'ai posé cette question-là à Jacquet, exactement comme je viens de vous le dire. Je me rappelle sa réponse : "Bouge pas, reste comme tu es. Mais il y aura des moments difficiles." On m'a annoncé que l'on me retirait les moins de 19 ans nationaux [dont il s'est occupé de 2002 à 2