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Libération
portrait

Passé au tamis

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Gilles SImon. Douzième joueur mondial, le tennisman français en lice cette semaine à Bercy se révèle ouvert, réfléchi, intense.
publié le 7 novembre 2009 à 0h00

Le premier contact avec un joueur de tennis est toujours lointain, fantasmatique. Juillet 2008. Alors que le monde entier a les yeux tournés vers Pékin et les Jeux olympiques à venir, un tennisman français de 23 ans habillé tout en blanc dégringole le roi Federer dans la fraîcheur d'un début de soirée à Toronto, où la fine fleur de son sport prépare l'US Open. L'image : grand, épais comme deux allumettes, une retenue qu'on devine un peu farce - ah les gars, si vous saviez ce que c'est bon… - et une conférence de presse qu'il étirera tant qu'il pourra, entre le braquage de banque et les promesses de l'aube. Le deuxième contact, ce fut deux phrases magnifiques lâchées dans le Monde, qui disent beaucoup du sport et de son pouvoir de séduction : «Si mon entraîneur me dit juste "Mets ton coup droit là", mon coup droit, je le balance où je veux. Au-delà d'un certain niveau, il ne va pas de soi que la compétence de l'entraîneur dépasse celle de l'élève.» Bienvenue dans le monde pétillant de Gilles Simon, 12e joueur mondial avant le tournoi de Paris-Bercy qui débute lundi.

On met la main sur le bonhomme dans une minuscule salle aveugle pendant le tournoi de Lyon. Gilles Simon arrive, repart, revient, repart écumer les coursives à la recherche d'un paquet de bonbons, le trouve, affale son mètre quatre-vingt-cinq sur un canapé, s'étonne. «Les gens me disent : "On te voit partir dans tous les sens, on n'aimerait pas être à ta place." Sauf que ce gars-là,