Menu
Libération
Récit

Ullrich fidèle à ses régimes

Article réservé aux abonnés
Formé à l’Est, ex-héros de l’Allemagne réunifiée, ce gourmand n’a jamais renié ses origines.
L'ancien champion cycliste allemand Jan Ullrich, le 12 novembre 2008 à Dusseldorf (Allemagne) (AFP Henning Kaiser)
publié le 9 novembre 2009 à 0h00

Quand, en 1987, le Tour de France prend son départ de Berlin, Jan Ullrich a 13 ans et vient de pousser la porte de l'Ecole des sports de Berlin-Est. En RDA, le cyclisme se résume à la piste et à la Course de la paix, qui traverse les pays frères sur des routes défoncées, qualificatif qui, hélas, marquera sa carrière, achevée vingt ans plus tard dans l'affaire Puerto. En 1987, pour Ullrich, les noms d'Hinault ou de Fignon n'évoquent alors «pas grand-chose», s'est-il souvenu dans l'Equipe magazine. En matière de cyclisme, seuls Olaf Ludwig, Uwe Ampler ou encore Uwe Raab sont synonymes de réussite sportive. Tous issus de la fabrique à champions de l'Est. Ullrich vit dans un monde clos. «Carcéral et gris», écrit-on alors pour qualifier la RDA. Pas pour lui. «Contrairement à ce qu'on dit partout, ce furent des années heureuses pour moi. Nous étions des sportifs de haut niveau et protégés par le régime. Nous étions des privilégiés…», racontera Ullrich, qui a peu connu son père, celui-ci ayant foutu le camp, laissant sa mère élever seule deux garçons avec son petit salaire de secrétaire.

En 1987, le prologue du Tour de France longe donc le Mur. Né à Rostock, la ville où les remorqueurs de haute mer aboient nuit et jour, Ullrich pose donc son sac dans l'école des sports de Berlin-Est. Il roule, puisque c'est la voie qu'il s'est choisie. Le Mur tombe. Que fait l'adolescent ? Il reste à l'école des sports. Le pensionnat est devenu sa famille. Bonn of