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Libération
Reportage

La Mini, un abîme de solitude

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Pour la transat 6,50 m, ils étaient 84 à s’aventurer dans la traversée de l’océan et de la peur, seuls dans un petit voilier. Pétage de plomb, changement de cap ou de vie à l’école du grand large. Reportage à Salvador de Bahia, au Brésil.
publié le 14 novembre 2009 à 0h00

Tous les deux ans, pour la «Transat 6,50 mètres Charente Maritime-Bahia» , le silence fait une bienheureuse irruption dans la civilisation du sport bavard. Pour cette traversée de l'Atlantique sur des coquilles de noix, de La Rochelle à Salvador via Funchal, pas de contact avec la terre, un baromètre, un GPS, une VHF d'une portée de 20 milles (37 km), et une radio BLU réglée sur le bulletin quotidien météo diffusé par l'organisateur. Puis aussi un carnet de notes à spirales pour recopier ensuite au propre, dans le livre de bord, caps, vitesses et météo sur zone. Et c'est tout pour l'outillage de navigation. Les marins traduisent cela par : «Traverser l'océan avec sa bite et son couteau.» Six bateaux «suiveurs» sont dispersés sur la largeur de l'Atlantique «au cas où». Un concurrent a par exemple été sauvé il y a quelques semaines par ces chiens de bergers. Son bateau était en train de couler.

Depuis sa création il y a trente-deux ans - à l'époque la course s'appelait Mini-Transat et les concurrents des «ministes» -, les choses sont ainsi dans la plus petite des grandes courses du monde qui appartient aux coureurs, essentiellement des amateurs et gérée par eux-mêmes. Course «carrefour» pour la petite poignée qui se lanceront ensuite dans la carrière, «mais course d'une vie pour la majorité», comme le dit le jeune Sud-Africain Matt Trautman qui reconnaît «avoir appris beaucoup sur moi-même alors que j'y allais pour la régate pure». Les dernie