Un philosophe se contredirait s’il disait d’une part vouloir explorer l’âme des hommes, rendre compte de la complexité et de la force de ses passions, et de l’autre afficherait le plus parfait mépris, ou l’ignorance, du football. Aucun sport ne suscite des réactions populaires si violentes, si irrationnelles, n’est capable de susciter la plus profonde tristesse, la déception, l’enthousiasme fou, la liesse. Aujourd’hui, la joie triomphe, de songer que la France, au prochain Mondial, de nouveau suscitera cette alternance de sentiments. Comme elle l’a suscitée hier soir au Stade de France, arrachant sa qualification pour le Mondial sud-africain au terme d’un match étouffant : l’Irlande ouvre le score à la demi-heure de jeu, les Bleus sont crispants d’inefficacité et consternants de médiocrité, les Verts jouent tous les coups à fond, Lloris sauve les Tricolores, les Irlandais sont au bord de rompre physiquement, les Français sont infichus d’en profiter. Avant, finalement, de s’imposer dans des prolongations où il fut moins question de technique que de tripes vidées sur le pré et d’une main de Henry offrant à Gallas le but de la qualification (1-1).
Guerre. Quel caractère possède le football pour être si extrême dans ses passions, et donc, peut-être, révélateur de ce qu'est la passion. Il est universel, plus que beaucoup d'autres sports, dominants dans certains pays et ignorés dans d'autres. Et cette universalité le rapproche d'autres activités toujours présentes