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Libération

Salade de phalanges et Kamasutra des antipodes au Vélodrome

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publié le 30 novembre 2009 à 0h00

Dieu que c'était beau. Les quatre pétales du Vélodrome ouverts sur un ciel d'équateur afin d'accueillir les cavaliers noirs du long nuage blanc. Si Marseille tapine pour les beaux yeux du foot, le rugby demeure son amant favori. Quand, en fin d'après-midi, le Vieux-Port où clapotait une mer de bière salua l'inutile débarquement des CRS en chantant «Allez les Bleus», on sut que l'espiègle Saint-Esprit ovale soufflait sud-ouest / sud-est. A cet instant, Pablo nous annonça avoir, tôt le matin, «aperçu les Blacks qui avaient l'air bien gentils». Lui, le banquier profane dont c'était la première touche, croyait encore à l'implacable rigueur des chiffres appliquée à un jeu où la balle n'en fait qu'à sa tête. Comme si un Black, même vêtu en communiant d'un soir, pouvait être gentil…

Eh bien si ! Gentils, les hommes à la fougère le furent, offrant un spectacle total, global, à un stade bourré ras la gueule d'initiés aimablement chauvins, capables de siffler un Dan Carter panoramique pour applaudir dans la foulée sa réussite. En récompense d'une fidélité adultère au rugby, le Vélodrome eut droit au Kamasutra des antipodes. A l'huile et au beurre. Une fois j'te vois, une fois j'te vois pas. Tout, ils lui ont tout fait. Avec les mains, les pieds, la tête et le sourire. Même une bonne vieille générale servie par le chef Richie McCaw et sa salade de phalanges assaisonnée au vinaigre de chambrage. Plus que vingt-sept points d'écart, il y avait entre les deux équipes l'imp