Jo-Wilfried Tsonga devait livrer son grand combat vendredi, une demi-finale de l'Open d'Australie contre le Suisse Roger Federer, géant parmi les géants de son sport. Et le Manceau a dérouillé : 6-2, 6-3, 6-2 en 1 h 28, une partie sans la moindre balle de break et un Federer qui, exagérant à dessein sa propre facilité, jonglait entre les points avec la tranche de sa raquette. Dur. «Je ne cache pas que lorsqu'on prend 6-2, 6-3, 6-2, on éprouve un sentiment d'impuissance, a confessé Tsonga après son calvaire. C'est vrai qu'à un moment, j'avais envie de fracasser la raquette contre le banc ou de la donner à quelqu'un dans le public. Finalement, je l'ai gardée.»
Contre-pied. Pleure qui peut, et qui veut. Souvent pris de vitesse ou à contre-pied par les frappes du Suisse, Tsonga a fini par donner l'impression paradoxale d'assister au match. Ses mots furent plus ceux d'un témoin que d'un acteur : «Federer n'a rien raté. Il n'est pas numéro 1 mondial pour rien et moi, pour l'instant, je ne suis pas numéro 10 pour rien. Lors des matchs en Grand Chelem [qui se déroulent au meilleur des cinq manches, contre trois ailleurs, ndlr], Federer est relâché, il sait qu'il a le temps. En deux sets gagnants, dès que tu rates un truc, ça peut dégoupiller. Mais là, il est serein.»
C'est effectivement ce que le public a cru comprendre en voyant le match. Et c'est aussi ce que Federer a expliqué ensuite, comme à son habitude sans fausse modestie :