Ernesto Bertarelli, le barreur et propriétaire d'Alinghi, le defender suisse de la Coupe de l'America, aurait dû se méfier. Disputer à Valence, son duel contre les Américains de BMW Oracle quand, la même semaine, l'opéra de la ville proposait Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti, ça n'annonçait rien de bon. La production avait beau venir du Grand Théâtre de Genève, l'air de la folie dans l'acte III (Il dolce suono, magistralement interprété par Nino Machaidze) annonce toujours un drame. Et il a bien eu lieu pour le milliardaire suisse, dépossédé de l'aiguière d'argent par le tycoon américain Larry Ellison.
Le catamaran suisse, A5, humilié vendredi de plus de quinze minutes par le trimaran américain USA 17, dans une brise trop forte pour lui, a failli remporter la deuxième manche. On l'a cru en tout cas. Partie hier avec plus de six heures de retard, la régate se révélait longtemps incertaine. Bertarelli barrait lui-même son bateau au départ et passait complètement à côté en prenant une pénalité et s'élançant derrière son adversaire. Loïck Peyron, qui lui succédait aux commandes, profitait du bon côté du plan d'eau, guidé par Brad Butterworth, tacticien et skippeur d'Alinghi. Le Français a mené A5 avec beaucoup plus de doigté que son patron et comptait jusqu'à 600 mètres d'avance. Mais la puissance époustouflante d'USA 17, voguant à plus de 30 nœuds, alors que le vent stagnait sous les 10, a rapidement ruiné le