Menu
Libération

French clubbing

Article réservé aux abonnés
publié le 18 février 2010 à 0h00

C’est une maison blanche adossée à la colline. On y vient à pied, en bus ou en voiture. C’est un petit bout de France échoué dans les hauts de Vancouver. Ça se dénomme le Club France, un endroit réservé exclusivement à la communauté franco-française stricto sensu, les Auvergnats et les Bretons compris. Pour y entrer, il faut montrer patte blanche et un pedigree irréprochable. Remplir sans rature une demande d’accréditation en bonne et due forme, débourser la coquette somme de 100 dollars (70 euros) et surtout posséder un certificat de nationalité valide, délivré par le tribunal d’instance de votre arrondissement de naissance, dûment tamponné par l’officier d’immigration, à montrer du bout des doigts au garde de sécurité perché sur son mirador de fortune.

C’est une vielle bâtisse victorienne où d’habitude les dames de la haute viennent papoter en dégustant du thé servi par un boy sri-lankais. C’est aussi désert qu’une station-service à l’abandon égarée dans le désert du Nevada, aussi lugubre qu’un club de bridge pour vieilles Anglaises frigides, aussi engageant qu’un hall de gare un jour de grève générale. Où bourdonnent en continu des écrans de télévision orphelins de téléspectateurs. Pour avoir le droit de se sustenter, il faut encore se délester d’une bonne centaine de dollars. A ce prix, le Vancouverois bien dans son portefeuille et large dans ses largesses, peut se payer une suite royale dans un palace cinq étoiles, une visite nocturne de la ville en limousine blindée ave