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Libération
Interview

«Le football-élevage m’a fait peur»

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Marama Vahirua, attaquant vif et technique de Lorient, revient sur sa carrière avant le match contre Nice.
publié le 20 février 2010 à 0h00

On les compte sur les doigts des deux mains en Ligue 1 : les artistes purs, ceux qui n'ont rien concédé à l'époque et qui font vivre leur différence - vision, équilibre, prescience du jeu - dans une L1 où les joueurs sont d'abord construits pour gagner les duels. Jérôme Leroy à Rennes, Gervinho à Lille, Julien Féret à Nancy… C'est au FC Lorient Bretagne Sud (9e au classement, à Nice samedi pour la 26e journée de L1) qu'évolue le plus efficace de ces joueurs-là : l'attaquant tahitien Marama Vahirua (29 ans), meilleur passeur (7) de France et 8 buts au compteur. On s'est posé avec l'homme qui signe ses buts en pagayant «parce que Tahiti n'a pas de drapeau» : sa carrière, sa façon de voir et le reste.

S’il avait fallu changer quelque chose ?

Je suis arrivé en métropole à 17 ans avec la mentalité de celui qui s’amuse en bossant. Donc, quand tu ne t’amuses plus, tu travailles moins. Le travail physique, franchement… Peut-être que j’aurai dû me faire mal. Cela dit, je crois avoir été incompris par tous mes entraîneurs sans exception. Même si j’avais cavalé, cavalé, je ne serai jamais devenu un coureur de fond.

Le jeu moderne a des impératifs de puissance, de dureté…

(Il coupe) Vous savez quoi ? Il y aura toujours des joueurs comme moi : petits, vifs, techniques. Ça ne s'arrêtera jamais. Après… Quand je suis arrivé en formation à Nantes, en 1997, on disait : «Il faut deux grands dans une équipe.» Aujourd'hui, c'est plutôt : «Il faut deux petits.» La proportion s'est inversée.

Comment imaginiez-vous le foot quand vous étiez adolescent ?

Comme aujourd'hui. A 15 ans, j'ai fait un essai