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Libération

Enfin un peu de morale

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publié le 1er mars 2010 à 0h00

Evidemment, il avait fui. Comme chaque fois où ça ne tournait pas rond. Habituellement, il fuyait au soleil à la recherche de la tiédeur pour compagnie. Cardiff ? Foutue idée. Bien entendu, tombait cette bruine charbonneuse des romans de John Williams, formidable écrivain gallois qui avait le chic, malgré un nom à se noyer au fin fond de l’annuaire local, pour vous tremper les chaussettes. Qu’espérait-il trouver ? Les fantômes de sa jeunesse, Barry John, Gareth Edwards, JPR Williams, généraux d’une armée rouge qui transformaient l’Arms Park en opéra de Stalingrad. Rasé, l’Arms Parks et ses chœurs à faire bouillir les pintes de Brains, place au Millenium, bol chromé dont le toit apparente le rugby à un sport en salle.

Au coin d'une rue, les bras lui en tombèrent des jambes à la lecture d'une affichette délavée du Western Mail. Andy Powell exclu de la sélection galloise pour avoir conduit, légèrement cuit dur du cornet, une voiturette de golf sur une autoroute. Il repensa alors aux mots d'André Boniface, monsieur André Boniface, le soir de France-Afrique du Sud au Stadium de Toulouse, une phrase plus lourde, plus toxique qu'une larme de mercure : «Lorsque j'ai arrêté de jouer, j'étais déjà vieux.» Le propre d'un ballon ovale n'est-il pas de rendre la jeunesse plus joyeuse et la vieillesse moins solitaire ? Dans quelques années, on tapera dans le dos du troisième ligne des Cardiff Blues non pour avoir été homme du match contre les Boks en 2008, mais en souvenir