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Libération
Le portrait

Reinhold Messner, pics cador

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Légende vivante de l’alpinisme, l’ex-député européen écolo parfois controversé, 66 ans, reçoit ce soir un piolet d’or.
(REUTERS/Gopal Chitrakar)
publié le 9 avril 2010 à 0h00

Sous la crinière, l’œil de Reinhold Messner pétille. Fière stature et larges épaules, à 66 ans, l’homme connu pour ses coups de colère face à l’adversité, dégage puissance et détermination. Au pied d’un donjon médiéval à Bozen, dans le Sud-Tyrol, province germanophone du nord de l’Italie où il a son bureau flambant neuf de patron d’une série de musées consacrés à la montagne, il rayonne. «Dieu» des alpinistes, auteur d’une cinquantaine de livres, conférencier réclamé aux quatre coins du monde, ex-député européen écolo, il a l’aura des légendes vivantes, le sait et en jouit. Pas exactement cabotin, mais sans l’ombre d’un doute ni d’une fausse modestie.

Ça ne date pas d’aujourd’hui. En 1970, il a 26 ans et il vient de faire exploser tous les standards de difficulté et de rapidité sur les parois les plus ardues des Alpes, sans assurance. Il écrit alors : «Les Alpes étaient devenues trop petites pour moi.» Ambitieux ? Pour le moins. Mégalo ? On le lui a beaucoup reproché, toujours est-il que dans les quinze années suivantes, il révolutionne l’himalayisme. En 1975, il réussit au Gasherbrum I, avec Peter Habeler, la première ascension d’un sommet de plus de 8 000 m en style «alpin», léger, sans sherpas, ni camp préétabli. L’himalayisme «de siège» des conquérants est renvoyé illico dans les livres d’histoire. En 1978, c’est la première sans bouteille d’oxygène de l’Everest (8 848 m), encore avec Habeler, à la barbe des scientifiques qui pensaient la performance insensée. De t