C'est ce qui s'appelle garder sa suprématie dans l'alcool de baies de genièvre. «J'ai fait ça comme un contre-la-montre. C'est le travail psychologique qui a fait la différence», a dit Fabian Cancellara, qui a écrasé hier Paris-Roubaix. Ainsi, une semaine après sa victoire dans le Tour des Flandres, le Suisse de la Saxo Bank a récidivé sur le vélodrome de Roubaix en remportant la 108e édition avec deux minutes d'avance sur Thor Hushovd (Cervélo) et Juan Antonio Flecha (Sky). Tom Boonen (Quick Step), double vainqueur, en 2008 et 2009, termine cinquième, battu sur le fil par le musculeux anglais Roger Hammond (Cervélo).
Deux minutes d'avance sur la ligne après en avoir compté trois et quinze secondes à sept kilomètres du but ! C'est incroyable et splendide, il faut bien le dire. Si bien qu'on en reste éberlué. Mais n'est-ce pas le devoir des belles histoires de nous enchanter ? De nous donner des frissons de plaisir ? C'est ce qu'a voulu dire Bjarne Riss, le manager de la Saxo Bank : «Aujourd'hui il était imbattable.» Tout cela pendant qu'on lave le vainqueur à l'éponge. Ensuite on le sèche, on le brique. Il reluit. Et dit cette chose qui fait immédiatement clignoter le voyant de la méfiance : «En fait, j'ai été surpris de me retrouver seul devant, surtout que je me sentais moins fort que la semaine dernière.» Le suiveur qui a relevé le col de sa vareuse et écrasé du talon sa cigarette s'est aussitôt dit que les génies gagnent sans faire ex