L'équipage qui a remporté mercredi, à Saint-Barth, la 10e édition de la Transat AG2R-La Mondiale (Brit Air) parle d'une extase de courte durée : «Gagner c'est aussi relativiser sa propre victoire, dit Armel Le Cléac'h. C'est une vérité fugace. Elle a déjà presque disparu… Par exemple, Kito [de Pavant avec Sébastien Audigane, sur Bel, ndlr] finira dernier car les circonstances en ont décidé ainsi [casse d'un safran]. Il n'a pas perdu pour autant son sens marin, son talent… La course au large est cruelle.»
Armel Le Cléac'h et Fabien Delahaye remportent cette dixième édition en 22 jours 16 heures et 59 minutes. Delahaye, 25 ans, n'avait jamais passé plus d'une semaine en mer : «Et je sais aujourd'hui ce qu'est la ténacité.» Le podium est complété par Banque Populaire (Grégoire-Veniard) et Cercle vert (Morvan-De Broc). L'équipage de Savéol (Attanasio-Davies) se classe, lui, quatrième. Pour Samantha Davies, «quand on sait que la course vous a échappé, alors qu'on l'a menée pendant la première partie, il ne reste que des petits objectifs. Des trucs auxquels on se raccroche pour tenir. Pour nous c'était finir devant le roi Jean [Jean Le Cam]». Romain Attanasio, lui, a écouté une «interview en boucle de Jacques Brel sur [son] iPod» : «Brel dit que tout est travail, que le talent n'est rien. Et puis, pendant vingt-deux jours, on a le temps de réf