Tout le monde savait tout sur le rasta et le blondinet qui allaient en découdre sur le central. Un Français allait peut-être gagner à Roland-Garros, chose jamais vue depuis 1949. Un rêve se réaliserait peut-être et les médias avaient fait en sorte qu’il soit collectif. Les points forts de Noah et ceux de Wilander, on les connaissait. Leurs points faibles aussi. Victoire en trois sets pour le Français ou en cinq sets pour le Suédois ? Sang chaud ou sang-froid, service et smash contre passing-shot et revers lifté, etc., etc.
Dans la tribune de presse, les paris allaient bon train. Sur les gradins, résigné à cuire au soleil, mais prêt à vibrer au match, le peuple de Roland-Garros savait qu’il avait son rôle à jouer. Il le fit, sans trop cabotiner d’ailleurs. Pour tous, l’image prit les dimensions d’un rectangle de couleur ocre ; quant au son, il y eut ce bruit de houle qui va et qui vient, cette rumeur comme une chair sonore qui vient s’enrouler autour du bruit des balles et de la voix de l’arbitre. Pendant deux heures vingt-quatre, cela a valu la peine d’ouvrir l’oreille autant que l’œil. Et de laisser son Bic.
Première minute. Dès le premier jeu, les acteurs se mettent en condition. C'est un peu la bande-annonce du match. Chacun donne l'échantillon de ce qu'il sait faire, et de ce qu'il fera peut-être. Première minute : premier smash de Noah. Quatrième minute, sa première volée gagnante. Cinquième : sa première balle «choppée».
7e minute. Son premier a