Du château d'If, juste en face, Monte-Cristo a brassé vers la liberté pour armer sa vengeance. Sprinteur aquatique, arrivé sur le tard au sommet de la natation mondiale, Frédérick Bousquet, 29 ans, déteste la mer, «et tout ce qui grouille en dessous de la surface». Trop imaginatif pour survoler sans angoisse le domaine réservé des calamars géants et des sardines engorgeuses de vieux port, il préfère loger sa phobie dans les eaux chlorées du bassin olympique du Cercle des nageurs de Marseille. Ce grand frileux a mis des mois à consentir à tremper ses orteils en contrebas, plage des Catalans, et à rejoindre d'un crawl inquiet le brise-lames qui borne l'horizon des baigneurs. Paradoxe, Bousquet se dit fan du Grand Bleuet se promet d'affronter bientôt ses peurs en Afrique du Sud, en défiant les requins blancs.
Il surgit parfaitement à l’heure, au volant d’un gros 4x4 Ford noir ramené des Etats-Unis. Il salue sans forfanterie la compagnie en peignoir et sandalettes, qui fait des Catalans un haut lieu à la marseillaise, une sorte de Racing pommadé d’aïoli, où la gentry aurait l’accent aussi canaille que démocratisé. Frédérick Bousquet est chez lui, ici, où il fait pousseur d’eau et de fonte, matin et soir. Ses performances, un record du monde du 50 mètres nage libre, une médaille d’argent mondiale en combinaison, un titre de champion de France avec bermuda, lui valent un statut de «membre à vie». Sa toute petite fille, Manon, 2 mois, pourra y faire bébé nageur dan