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Libération
Reportage

Au Cap, des populations arc-en-fiel

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Les tensions demeurent entre les communautés noire, blanche et métisse d’une ville réputée libérale.
Des enfants jouent au football dans un township du Cap, le 2 décembre 2009. (AFP Alexander Joe)
publié le 4 juin 2010 à 0h00

La «guerre des chiottes» a commencé. C'est comme cela que la presse surnomme la féroce bataille politique que se livrent l'ANC et le premier parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), pour le contrôle de la ville du Cap et de sa région. En 2006, Helen Zille avait arraché la deuxième ville du pays au parti de Mandela, hégémonique depuis l'instauration de la démocratie en 1994. L'année dernière, c'est la riche province environnante du Cap-Occidental qui est passée tout entière à l'opposition. Stupéfaction et colère de l'ANC : le parti-Etat n'est pas habitué à la défaite, ni aux critiques mordantes de Helen Zille, une Blanche de surcroît, qui ne perd jamais une occasion de fustiger la corruption et le népotisme de l'ANC.

Depuis, la guerre est déclarée : la guerre des chiottes. Le champ de bataille ? Khayelitsha, le plus grand et le plus pauvre des townships entourant la ville du Cap, entre 500 000 et un million d’habitants, personne ne sait exactement. C’est un bastion électoral traditionnel de l’ANC. L’objet du conflit ? Les WC installés par la mairie du Cap, en 2007, pour les familles du bidonville de Makhaza, pauvres entre les pauvres : une simple dalle de béton surmontée de cabinets, devant la maison, bien souvent en tôle ondulée. Les toilettes sont livrées nues, sans rien pour se protéger du regard des voisins. A charge pour les habitants de bâtir une palissade autour. Une majorité de familles l’ont fait. Le reste n’avait pas les moyens.

La Ligue de jeunesse