Autour de la table, il n'y a que des Blancs pour mesurer si l'entreprise est assez «noire». Sourcils broussailleux, petits yeux vifs, Keith Levenstein est consultant en Black Economic Empowerment (BEE), la politique visant à augmenter le pouvoir économique des Noirs. Levenstein est en visite chez Paracon, une société de Johannesburg comptant 200 employés, spécialisée dans le recrutement d'informaticiens : le consultant explique au directeur du marketing, Ronald Wasley, comment améliorer sa scorecard (fiche de points). La loi sur le BEE, entrée en vigueur en 2007, a créé cette scorecard avec sept critères pour évaluer une entreprise : le pourcentage d'actionnaires, de directeurs, de cadres et de fournisseurs noirs ainsi que la formation interne, la création d'entreprises et les projets sociaux en faveur des Noirs (Métis et Sud-Africains d'origine indienne ou chinoise sont aussi inclus dans cette catégorie). «La scorecard n'est obligatoire que pour les entreprises qui vendent au secteur public, c'est-à-dire environ la moitié des sociétés cotées en Bourse, explique Levenstein. Mais celles-ci exigent à leur tour que leurs fournisseurs en aient une.» Comme Paracon. Une «société de vérification» lui a donné une cote de 4 sur 7 : un bon résultat, atteint par peu d'entreprises.
Figurants. Autour de la table, Tania Slabbert, une Afrikaner, représente… l'actionnaire noir, le Women's Development Bank. Ce fonds d'investissemen