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TRIBUNE

Fierté nationale, un coup de pub à 5 milliards

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par Mark Gevisser, écrivain
publié le 4 juin 2010 à 0h00

Dans le centre d'accueil du Green Point Stadium, le nouveau stade du Cap, est affichée une phrase de l'ancien président Thabo Mbeki : «On se souviendra de la Coupe du monde comme du moment où l'Afrique a redressé la tête et a résolument tourné le dos à des siècles de pauvreté et de conflit.» Nelson Mandela a lui-même aidé à la sélection, nous dit-on, et a participé à l'enregistrement d'une chanson pour la cérémonie d'ouverture.

Les attentes rédemptrices sont presque insupportables. Il y a une génération, le soutien de Mandela aux Springboks leur a permis de remporter la Coupe du monde de rugby à Johannesburg et, ce faisant, nous dit le mythe, il a convaincu les Sud-Africains blancs de rejoindre sa cause. Si la Coupe du monde de rugby offrait une rédemption politique, la Coupe du monde de football a été vendue comme une sorte de rédemption économique. Mais il y a en vérité aussi peu de chances de voir le pays en retirer un bénéfice économique que de voir l’équipe sud-africaine remporter la victoire.

L'escalade des coûts est grotesque. La proposition de l'Afrique du Sud pour la Coupe de monde que la Fifa a acceptée en 2006 était, comme le montre une étude de l'ISS (Institute for Security Studies), «convenablement modeste» pour un pays en développement. Cependant, les contribuables sud-africains qui pensaient devoir régler une facture de quelques millions d'euros auront à payer entre 3 et 5 milliards. Si les dépenses d'investissement de la Fifa en Afrique du Sud