Son sourire est désarmant. Difficile d'imaginer que Robert Molefe, 31 ans, a commis des dizaines de cambriolages, de carjackings et peut-être un meurtre (pour lequel il n'a pas été condamné, faute de preuves). «Comme je suis petit et mince, c'est moi qui m'introduisais dans les maisons, par une fenêtre, et mettais en joue les occupants. Souvent, je les frappais avec la crosse, pour les intimider. Deux fois, on a tué mais cela ne m'a rien fait. Dans les townships, on dit : six ou neuf, c'est la même chose.»
Le déclic est venu en cellule d'isolement en 2002. «J'ai commencé à réfléchir. J'avais du remords pour la vieille dame.» Comprendre sa mère, qui l'a élevé seule. Robert a rejoint My path (mon chemin), un programme de développement personnel d'un an, organisé en prison par l'ONG Khulisa. «Dans le fond, j'ai toujours su que je n'étais pas mauvais. Tout a déraillé quand j'avais 11 ans. Mon oncle nous a chassés de notre maison où ma mère tenait un bar clandestin. Elle a tout perdu et moi, je suis devenu un mec renfermé et bagarreur.»
Cicatrice. Robert a commencé à se droguer : haschisch et cocaïne. «A 13 ans, j'étais camé et j'ai été arrêté deux fois pour des vols. Mon modèle, c'était mon cousin. Il volait des voitures et me donnait de l'argent.» La prison est très vite devenue son école, et le gang des Royal Air Force sa famille. «Sur mes vingt copains de l'époque, huit sont morts et huit autres purgent