Menu
Libération
portrait

Afrikaner pas amer. Deon Meyer

Article réservé aux abonnés
A la page (2/2).L’auteur de polars met en scène un monde de brutes mais reste un citoyen optimiste.
publié le 5 juin 2010 à 0h00

Traduit en vingt langues, surtout lu en Allemagne et en France, Deon Meyer s'est imposé comme le grand auteur de romans noirs d'Afrique du Sud. Carrure imposante, regard bleu et brillant derrière ses petites lunettes, l'Afrikaner, grand ami de l'Américain Michael Connelly, ne se monte pas la tête. «Je ne fais que raconter des histoires, dit-il. Ce n'est pas de la haute littérature.» Pourtant, il donne à voir les subtilités de son pays mieux que personne : l'amitié possible, malgré le gouffre entre Noirs et Blancs, les fractures intimes des gens ordinaires, abîmés par plusieurs décennies de ségrégation et de violence d'Etat.

Comment être flic, quand les hommes en bleu sont toujours des cibles ambulantes ? Comment être Blanc, quand il faut faire de la place aux «personnes historiquement désavantagées», selon la formule consacrée des nouvelles élites noires ? Comment être une brigadière zouloue en surcharge pondérale, dans un univers de machos multiraciaux ? «On aurait dit un pigeon bien en chair dans son uniforme noir qui la boudinait - petite, avec un gros renflement devant et un gros renflement derrière», écrit-il dans son dernier roman.

Deon Meyer raconte des histoires de courses poursuites sur fond de règlements de comptes, mais aussi les changements à l'œuvre chez lui, capable de se glisser aussi bien dans la peau d'un ancien freedom fighter noir que dans celle d'un inspecteur blanc et alcoolique du Cap - la ville où il vit, avec sa femme