Menu
Libération
Portrait

Il prend son pied

Article réservé aux abonnés
Oscar Pistorius. Amputé, monté sur lames en carbone, cet athlète sud-africain à l’optimisme insensé défie les valides.
Oscar Pistorius en 2008 (REUTERS / Johannes Eisele)
publié le 8 juin 2010 à 0h00

«On ne rit pas tous les jours. Moi, je l'ai toujours su.» Oscar Pistorius aligne des phrases toutes faites sur sa vie. Oscar Pistorius, c'est cet athlète qui court sur des lames en carbone et qui vole sur les pistes d'athlétisme. Jean délavé, tee-shirt blanc et tennis aux pieds, ce jeune homme de 23 ans parle aussi vite qu'il court. Sa courte visite à Paris, la toute première, affûte une curiosité naturelle. Il jouit de tout ce qu'il fait de nouveau. Comme toujours. Comme lorsqu'il était gamin à Sandton, cette banlieue chic de Johannesburg.

Amputé à 11 mois des deux pieds au niveau des tibias, Oscar Pistorius ne sait pas ce que signifie avoir des pieds. «Cela ne m'a jamais gêné. Je ne marchais pas encore lorsqu'on m'a opéré.» Oscar Leonard Carl mesure aujourd'hui plus d'un mètre quatre-vingt et marche comme tout le monde. Il faut vraiment regarder à la hauteur des genoux, lorsqu'il s'assoit, pour déceler les marques des prothèses sous son jean.

Oscar Pistorius est né sans péroné et avec des pieds incomplets. Ses parents, Henke, directeur d'une mine, et Sheila vont remuer ciel et terre pour trouver la meilleure solution pour cet enfant. Finalement, c'est un chirurgien sud-africain Gerry Versveld, qui convainc la famille. Bonne pioche : Oscar aura une enfance comme les autres enfants. Pas d'école spécialisée, pas de traitement particulier dû à son handicap. De fait, pour lui, cela n'en est pas un. Un jour, dans une des nombreuses embardées sur un kart construit