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Libération
Récit

Espoirs africains, leurres du départ

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Embarqués par de faux agents qui leur font miroiter une carrière en Europe, des milliers de jeunes footballeurs se retrouvent piégés, sans papiers. Deux Ivoiriens témoignent.
par Rémi Dupré
publié le 9 juin 2010 à 0h00

Si le premier Mondial disputé sur la terre de Nelson Mandela relève du symbole historique pour la Fifa, les méfaits du mirage footballistique frappent chaque année le continent africain. Bernés par des agents véreux, plusieurs milliers de jeunes joueurs gravitent vers l’Europe en caressant le rêve d’une carrière professionnelle juteuse. En Ile-de-France, cette diaspora piégée par les chimères du ballon rond s’élève à 1 200 adolescents sans papiers. Depuis dix ans, l’ancien international camerounais Jean-Claude Mbvoumin et son association Foot Solidaire tentent de conjurer cet «esclavage sportif». Afin d’interpeller Nicolas Sarkozy à l’aube du Mondial, l’ex-joueur a lancé un manifeste visant à régulariser ces gamins dupés. Parmi les victimes de ce trafic, Stéphane et Henri (1) racontent leurs parcours.

Stéphane, 16 ans «Il y a davantage de faux agents que de vrais»

Juin 2009. Période de congé scolaire à Abidjan. A l'issue d'un tournoi organisé à l'arrache, Stéphane, 15 ans, se fait accoster par un quadragénaire tapi dans la foule. Ce Français ne tarit pas d'éloges sur le talent du gamin. «Il me propose alors de m'aider à trouver un club de premier rang en France et de m'héberger.» Plutôt doué, l'adolescent est régulièrement surclassé dans les diverses catégories de jeunes d'Abidjan. Sollicité à maintes reprises par plusieurs prétendus recruteurs, il confie «être méfiant». Pourtant, la tournée de détection menée «sans embrouilles» par certains camarades en Italie tempère ses réserves. «A l'époque, je vivais ch