Les Bleus rentrent ce soir dans leur Coupe du monde face à l'Uruguay. Dans l'imaginaire du fan, la Celeste, ce sont deux choses. En 1986, l'Uruguay est devenu la première équipe au monde - et à ce jour la seule - à jamais avoir été officiellement menacée d'exclusion si ses joueurs continuaient à matraquer l'adversité sur le pré, suivant en cela le mantra un brin trivial de leur sélectionneur de l'époque : «Le football n'est ni un jeu de poupées, ni un jeu de pédés.» Sinon, la fédération du pays s'était braquée contre l'élévation des standards de la Fifa (meilleurs arbitres, meilleures pelouses, surveillance accrue des conditions d'accueil des adversaires) sous le motif que ces exigences contrariaient la garra, le cœur mythologique de l'expression footballistique uruguayenne, que l'on pourrait traduire par un mélange d'agressivité no limit et de fierté. La mondialisation galopante du jeu - toujours plus de vitesse, de fluidité, de technique - a renvoyé l'Uruguay et ses terreurs, doubles champions du monde en 1930 et 1950, dans des limbes dont ce petit pays de 3,5 millions d'habitants ne sortira plus : manque d'argent, de licenciés et de structures, corruption, compétition domestique exsangue. L'Uruguay, c'est le grand perdant de l'évolution du foot.
«La classe». Et les Bleus sont les grands gagnants. Le tout frais capitaine Patrice Evra a un jour lâché celle-là sans faire gaffe : «Nous sommes tous des pièces maîtresses.» Il