Pendant le Mondial, Libération.fr donne la parole à des personnalités qui livrent leur vision - décalée ou pas - de l'événement. Ce lundi, le professeur de philosophie Jean-François Pradeau, auteur de «Dans les tribunes. Éloge du supporter», qui vient de paraître aux Belles Lettres, évoque la star de ce début de compétition, la vuvuzela.
Le bruit sourd et presque continu des vuvuzelas plonge les débuts de la Coupe du monde dans un gigantesque et monotone bourdonnement. Le mal était prévu depuis longtemps: la Fifa a autorisé l'intrusion de ces cornes de brume dans les stades il y a plus d'un an, au prétexte fallacieux qu'elles étaient d'usage traditionnel en Afrique du Sud.
Il faudra donc faire avec. Les supporters sont encombrés, essoufflés ou simplement assourdis par l'encombrant instrument; les joueurs ne s'entendent plus sur le terrain; les entraîneurs dispensent leurs consignes à grands renforts de gestes. Sur le bord des terrains, depuis trois jours, la discrétion tactique n'est plus de mise: Diego Maradona mêle le geste obscène à la ferveur, il mouline, prie et dessine de ses bras un terrain où le milieu argentin est prié de se situer de visu, parce que ce qui sort de la bouche du sélectionneur est simplement inaudible.
Les consignes de Domenech et de Capello l'étaient tout autant. Ils gesticulèrent donc chacun à son tour. Comme le