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Libération

A Johannesburg, le spleen des «white trash»

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Le temps d’un match, les perdants de la nouvelle Afrique du Sud essaient d’y croire.
publié le 15 juin 2010 à 0h00

«Depuis que la Coupe du monde a commencé, il y a plein de policiers dans le quartier. Quand les Bafana Bafana ont marqué contre le Mexique, ils sont venus nous dire d’arrêter de faire du bruit. C’était plus marrant avant, au moins on faisait ce qu’on voulait.»

Chrisjam s’exprime en afrikaans, la langue de ses grands-parents. Agé de 17 ans, il vit à Jan Hofmeyr Park, à deux pas de l’Ellis Park Stadium. Un quartier de 1 000 habitants réputé pour sa population «white trash», comme le reste du pays les appelle. Soit des descendants blancs d’Afrikaners vivant dans une pauvreté extrême. Selon Solidarity, un syndicat de mineurs, 400 000 des 4,2 millions de Blancs que compte le pays vivraient actuellement en dessous du seuil de pauvreté. Personne ne souhaite regarder ces citoyens dans les yeux.

A Jan Hofmeyr Park, les maisons sont basses, les jardins en friche, les toits construits en tôle. Pas de statistiques officielles, pas de travail non plus. Les enfants vont peu ou pas du tout à l'école. «Je vis ici depuis douze ans. Je n'ai jamais travaillé car je suis invalide, je touche une pension. J'aime croire que mon enfant est heureux ici ; parfois, il me dit que c'est un peu dur. C'est un enfant malade. Je dis aux jeunes : "Ne lui faites pas de mal. Il adore le foot, il a mis le drapeau vert dans la maison [celui du Brésil, ndlr]. Aujourd'hui, il a mis ses chaussures de football"», raconte Josyi, 44 ans, les traits tirés.

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