Le village de Mapoch n’est qu’à 40 kilomètres de la capitale, Pretoria. Il semble pourtant si loin. Trois cents Ndébélés, fidèles représentants de l’une des neuf cultures ancestrales sud-africaines, ont trouvé refuge sur les hauteurs du bourg de Klipgat. Oubliées les autoroutes à dix voies qui encerclent Pretoria. Dissipée la ferveur du Mondial qui, soi-disant, avait gagné toute la nation. Mapoch est dans un autre pays, sur un autre continent. Une dizaine de kilomètres sur une piste sablonneuse et un pont affaissé plus loin, c’est ici que les Ndébélés ont reconstruit leurs huttes et leurs maisons traditionnelles.
Epinard. En 1953, aux débuts de l'apartheid, un fermier blanc a décidé que ces familles vivaient sur «ses» terres. «Monsieur Gras», comme on le surnomme dans le village, «parce qu'il ne pouvait même pas s'asseoir sur une chaise», a exproprié la communauté. Le gouvernement d'apartheid a voulu reloger les 300 personnes dans un township, mais, face à leur obstination, leur a finalement concédé ce territoire, à 40 kilomètres de leur ancien habitat. Un lopin de terre aride où seuls les cactus prolifèrent. «C'était mieux que rien», raconte Lina, 86 ans, en chiquant des feuilles d'épinard avec les autres grands-mères du village.
A peine ont-elles aperçu un visage blanc entre les huttes qu’elles ont sorti une à une leur étalage de perles et de poupées traditionnelles. Les mamies, enveloppées dans des couvertures, tentent d’attirer l