Menu
Libération
le mondial vu par... Jacques Blociszewski

Foot et télévision: voir avec les yeux d’un autre

Article réservé aux abonnés
Pendant la Coupe du monde, Libération.fr donne la parole à des personnalités qui livrent leur vision - décalée ou pas - de l'événement.
(REUTERS/ Mike Cassese)
par
publié le 16 juin 2010 à 11h26
(mis à jour le 16 juin 2010 à 11h28)
Pendant le Mondial, Libération.fr donne la parole à des personnalités qui livrent leur vision - décalée ou pas - de l'événement. Aujourd'hui, le chercheur Jacques Blociszewski, auteur de «Le match de football télévisé» (Editions Apogée, 2007), explique comment le réalisateur d'un match de foot façonne notre vision.

Pendant cette Coupe du monde, nous ne verrons pas une seule image librement. Chaque angle de prise de vue, chaque ralenti, chaque gros plan sera lancé à l'antenne par le réalisateur du match. C'est lui qui façonnera notre vision, c'est lui qui, à la tête de son équipe de cadreurs, avec leurs caméras toujours plus nombreuses (29 par match sur ce Mondial, 32 pour les demi-finales et finale), choisira pour nous ce qu'il faut voir.

Bien sûr, toute image est nécessairement l'objet d'un choix, et elle élimine autant qu'elle montre. Bien sûr aussi, on ne saurait passer sous silence notre capacité à interpréter les images, à en faire notre lecture personnelle, à imaginer ce qui est hors-champ... Fondamentalement, cependant, nous ne pouvons décoder que ce qu'on veut bien nous donner à voir.

On ne se plaindra certes pas de pouvoir assister, grâce à la télévision et à la technique, à cette compétition géante du bout du monde. Mais plus les retransmissions sont sophistiquées et les technologies omniprésentes, plus le filtre télévisuel est puissant et plus il agit sur notre perception (sans que nous en prenions pour autant conscience).

L'écart s'accroît sans cesse entre le regard des spectateurs dans les stades et celui des téléspectateurs. Comparé aux moyens techniques mis en œuvre sur un grand match télévisé d'aujourd'hui, le regard du peuple des stades apparaît limité, lointain, pauvre, dépourvu de ralentis. Oui mais voilà, il est libre... Le spectateur voit de ses propres yeux, il fait