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Libération
Enquête

La France taille un short à sa sélection

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La déroute des Bleus, presque éliminés du Mondial, suscite consternation et abattement. Comment en est-on arrivé là?
par Michel Henry, Haydée Sabéran, Laure Espieu et Estelle Faure, (à Paris)
publié le 19 juin 2010 à 0h00

C’est le tour de France de l’aigreur, un banquet de fiel avec, au menu, la tête des Bleus avec du persil dans les oreilles, comme chez le boucher.

A Lille : «Trop payés»

Au Marigny, café du quartier de Fives, à Lille, on est remonté comme une pendule. «Les Bleus? C'est des voleurs, dit Brigitte, qui sort du Secours Populaire. L'hôtel est cher et nous, on travaille honnête et on n'a rien.» Jean-Paul, laveur de carreaux, les juge «trop payés. Moi, si je travaille pas, j'ai pas de sous. Eux, qu'ils bossent ou pas, ils touchent des millions». Derrière le comptoir, Geoffrey, supporter du Losc et joueur à l'Iris Lambersart, dans la banlieue de Lille, confirme : «La vie est plus dure qu'avant, les Français travaillent, ont du mal à s'en sortir, et à chaque fois qu'on entend parler des Bleus, ils sont en boîte de nuit, ils font la nouba. Les supporters se privent pour aller les voir et eux, ils arrivent avec leur casque, sans un regard.» Bruno, le patron :«C'est de notre faute. On n'a qu'à pas regarder la télé. Mais on a besoin de rêve pour oublier qu'ils nous ont mis la retraite à 62, 67 ans. A croire que c'est fait exprès».

A Paris : «Lassés»

Dans le quartier des Halles, les supporters ont la gueule de bois. Ils racontent leur désarroi où pointe parfois un réjouissant mauvais esprit. A la sortie de métro Châtelet, deux jeunes filles discutent football, mais pour évoquer «les coupes de cheveux ridicules