Ils sont arrivés sans menottes mais sous forte escorte. On les appellera Carlos, Beto et Marcos. Le premier a 16 ans, les deux autres, 17. Selon la terminologie officielle, ils sont internes de la Fondation Casa ou Centre d’assistance socio-éducative de l’adolescent. Autrement dit, la prison des mineurs (12 à 18 ans) de l’Etat de São Paulo. Ce jour-là, ils ont été autorisés à quitter leur cellule pour aller passer un test au Rio Claro, un club à 160 kilomètres de São Paulo, dans le cadre d’un programme de réinsertion par le foot.
La Fondation Casa a sa propre «Seleção». Carlos, Beto et Marcos y jouent milieux de terrain. Comme tant de gamins pauvres, ils ont appris à jouer «dans la rue». Ils sont assis en retrait, tête basse. Contents de «prendre l'air» mais broyés par le trac. «Je n'ai pas dormi de la nuit», souffle Beto. Arrêté pour vol de moto, il est le seul des trois en semi-liberté. «Ce test, c'est l'occasion de changer de vie», s'exalte-t-il. Carlos est «interné» pour hold-up : «Mais je n'ai pas tiré.» Il rêve d'être footballeur «pour devenir quelqu'un» et aider sa mère, qui élève seule cinq enfants. Avant de basculer, Marcos a joué avec les moins de 15 ans du Portuguesa, un club de São Paulo aujourd'hui en D2. Marcos est récidiviste. Le butin de son dernier hold-up : 3 700 euros.
Vitrine. Longtemps, la Casa a fait parler d'elle pour les mutineries de ses détenus révoltés par les mauvais tra