Coincé entre Soweto et le quartier bobo de Melville, le township de Westbury est l'une des principales usines à faits divers de Johannesburg. «Quand on te vole ta voiture, c'est à Westbury qu'il faut aller la chercher», résume Ryan, un trentenaire victime d'un récent car-jacking dans le quartier. C'est aussi dans ce coupe-gorge exclusivement réservé aux «coloured», comme les Sud-Africains appellent les Métis, qu'a grandi le meneur de jeu des Bafana Bafana, Steven Pienaar, 28 ans.
Il se raconte qu'enfant, sa mère, Denise, lui interdisait de s'asseoir dans le canapé de la maison, de peur qu'il prenne une balle perdue - un malheur qui a frappé son ami d'enfance. Plus qu'un héros, le joueur du club anglais d'Everton (Liverpool), qui a organisé il y a plusieurs mois un tournoi de foot pour les jeunes du quartier, est ici considéré comme un modèle. «Comme tout le monde à Westbury, Steven a eu une enfance difficile, ses parents ne travaillaient pas. En le regardant aujourd'hui, les enfants se rendent compte qu'il est possible de s'en sortir malgré notre couleur de peau», veut croire Sureya Fortuin, présidente du fan-club du joueur. Il n'y a pourtant plus aujourd'hui aucun Pienaar à Westbury. Le clan du joueur a refait sa vie dans les quartiers chics de Florida, loin des problèmes d'alcoolisme, d'illettrisme et des 90% de taux de chômage que compte le «coloured township».
Alors que Soweto s'est fait offrir un joli lifting par les autorités sud-afric