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Libération

Les Français, pas fanas, pas fanas

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Sans espoir et remonté contre ses joueurs, le pays a suivi le match de loin.
par Michel Henry, Antoine Lannuzel et Rémi Dupré
publié le 23 juin 2010 à 0h00

En contrebas de la Tour Eiffel, le parvis du Trocadéro grouille de vendeurs de drapeaux. Mais l'étendard tricolore ne fait pas recette. A quelques minutes du grand déluge, plusieurs centaines de Parisiens se massent autour de l'écran géant. Sourires distanciés s'accordent avec indolents décapsulages de bières. «Je n'espère rien de ce match», lance un étudiant allongé sur la pelouse. «Je suis optimiste. On peut se qualifier», glisse un jeune homme à l'air goguenard. Quand Raymond Domenech apparaît à l'écran, les sifflets fusent.

Crevettes-fromage Vite douchés par les errances du onze tricolore, les rares chants s'éteignent peu à peu. Le premier but sud-africain (20e minute) provoque la consternation. «Ils l'ont bien cherché», crie une quinquagénaire, maillot bleu sur les épaules. «On a fait de l'insulte d'Anelka une affaire d'Etat. Pourtant, ce sont les choix de Domenech, le bal des egos et le règne de l'argent qui ont entraîné cette catastrophe», analyse un supporteur désabusé. «Qu'ils cessent de se prendre pour des dieux et qu'ils fassent leur boulot», harangue un autre. 37e minute et second pion des Bafana. Les moqueries pleuvent. «On est au même niveau que la Corée du Nord.» Le Trocadero se vide déjà.

Allées Gambetta, dans le centre de Marseille. Des bars déserts, des écrans télé qui tournent à vide, sans spectateurs. Désolant. Les rares clients s'enthousiasment plutôt pou