C'était au Sénégal, en 1992, lors de la Coupe d'Afrique des nations, remportée par les Eléphants de Côte-d'Ivoire aux tirs au but contre le Ghana. Réputés pour leurs «pouvoirs», dix habitants du village d'Akradio, près d'Abidjan, avaient pris place dans les tribunes, à l'instigation du ministre des Sports de l'époque, René Diby, originaire de la même région. Au coup de sifflet final, un mythe était né : celui des «sorciers d'Akradio». Gabriel, l'un d'entre eux, se souvient : «Le ministre était venu nous voir au village pour nous demander notre aide. Les joueurs sont venus ici pour communier avec nous. Ils ont fait un stage avant leur départ, et Akradio a délégué certains de ses enfants auprès d'eux. Vous connaissez le résultat.»
C'est devenu un rituel : avant chaque grande compétition, les «sorciers» se manifestent, histoire de rappeler leur existence. Et de la monnayer. Sans succès : depuis 1992, ils sont au chômage technique. Et les Ivoiriens, qui n'ont plus rien gagné depuis, auront bien besoin de l'aide des sorciers pour atteindre les 8es de finale.
Les chefs d'Akradio sont amers : certains, en Côte- d'Ivoire, les accusent de se venger en recourant à des forces occultes pour entraver la victoire des Eléphants, le ministre René Diby n'ayant pas versé ce qu'il leur avait promis à l'époque. Dix-huit ans plus tard, l'ex-ministre, un pharmacien formé en France, réfute l'accusation et relativise l'influence des sorciers : «C'est un effet placebo. Ils étai