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Libération

Miser et perdre la flamme

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Parions un peu
publié le 26 juin 2010 à 0h00

A écouter les nouveaux opérateurs du jeu en ligne, leur activité n’aurait qu’un très lointain rapport avec les tripots enfumés d’arrière-salle où le joueur se retrouve précipité en enfer sans qu’il ait eu le temps de s’en rendre compte ou presque. Le pari en ligne, serinent-ils en chœur, n’est jamais qu’un divertissement et vient pimenter un spectacle sportif auquel il apporte ce petit supplément d’adrénaline capable de vous enflammer une soirée de D2 ! D’où leur volonté de recruter des parieurs raisonnables qui jouent - et perdent - un peu chaque mois plutôt que des flambeurs au bord de l’addiction. Un discours propre et lisse qui évacue un peu vite la manière très nouvelle, pour les spectateurs devenus parieurs, d’appréhender les retransmissions.

Un collègue, grand amateur de foot et qui ne rechigne pas à mettre une petite pièce sur chaque match du Mondial, le dit très bien : «On a beau miser petit, on regarde très différemment les matchs. J'avais parié deux euros sur le nul pour Australie-Serbie et alors que les Australiens menaient à la surprise générale, je me suis retrouvé à être contre eux alors même qu'ils m'emballaient sur le plan sportif. Parier biaise le spectacle et vous fait regarder le sport comme un calculateur. Il n'y a plus aucune esthétique», conclut-il. Miser sur la nullité des Bleus entre deux parts de pizza n'a sans doute rien à voir avec la drogue dure du jeu mais n'est pas forcément «divertissant» pour autant. On risque de pas