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Libération

Foot : la déroute des automatismes

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publié le 28 juin 2010 à 0h00

Le «désastre» du foot français, objet sportivo-médiatico-politique hybride, improbable, et monstrueux, aura eu au moins un mérite : dérouter tous les automatismes. Et, en premier lieu, dérégler le logiciel sarkozyste. On imagine son désarroi (du logiciel). Le sarkozysme est une machine à désigner publiquement et systématiquement des boucs émissaires : racailles de banlieue, traders voyous, magistrats petits pois, banquiers frileux, technocrates formalistes, étrangers étrangers.

Or, dans le feuilleton de l'explosion en vol du foot français, il n'est pas facile de désigner immédiatement les méchants de l'histoire. Première difficulté : qui incriminer dans le psychodrame ? Les joueurs, ou ceux qui ont cherché à les détruire, journal l'Equipe en tête ? Par réflexe, par identification, le pouvoir serait plutôt tenté de se ranger du côté des infortunés «rich and famous», massacrés par les cruelles manchettes de presse. Mais cette affaire-là ne ressemble pas aux autres. Les boussoles à désigner les coupables oscillent et s'affolent. Il faut dire que le forfait reproché aux joueurs, Anelka au premier rang, n'est pas une de ces peccadilles dérisoires (achat de cigares aux frais de l'Etat, permis de construire douteux, salaire pour une mission fictive, conflit d'intérêt d'un ministre avec le travail de son épouse). Non, il s'agit de beaucoup beaucoup plus grave : une insulte marmonnée par un joueur, dans le vestiaire, à la mi-temps, à l'adresse de la personne auguste